Ultreïa, Plus loin sur le chemin
Gravures

Dans le souffle d’un voyage au long cours dans les mers du Sud, dans cette phosphorescence qui se produit sur le retour et qui signe la quintessence du voyage, je partage, entre gravures et photographies, la joie des émotions traversées. Puisant sans cesse mon inspiration dans les traces laissées par la contemplation méditative du monde qu’offre la navigation, je tente d’en saisir l’esprit. In Laudem, comme une prière. Naviguer, traverser mers, océans, contempler le monde. Se taire et écouter le chant de l’espace. L’ombre et la lumière. Le souffle du vent, le bruit de la mer, les appels des oiseaux, l’odeur de la terre, les racines, les graines des arbres, l’universel chantant dont nous sommes faits et qui sont faits de nous. Traverser des mers intérieures et se laisser habiter par la transcendance du monde. Revenir alors, se tenir immobile, longtemps, mais « c’est vers l’intérieur que va le chemin mystérieux » dit Novalis. Et graver, le carton surtout, comme on travaille la terre, inciser, déchirer, rajouter, encrer, dans une caresse, un effleurement, imprimer et découvrir ce qui est offert. Graver encore, méditer, chanter, graver, s’émerveiller et partager.

 

Chiromancie marine
« Chromographies »

Ce sont les mâts qui m’ont accueillie d’abord. Une forêt de mâts, bruissant de haubans bavards, lançant haut leurs flèches vers le ciel. Déambulant entre ces grands oiseaux en cale sèche, je me demandais sur quelles mers ils avaient vogué. En m’approchant des coques devenues fresques, elles m’ont chuchoté des histoires… Chaque voyage, chaque traversée, chaque rencontre a laissé sa trace. Sur ces bateaux marqués par le temps et les aventures, au fil des marées, de la caresse de l’eau, au gré des tempêtes, des grains et des grands vents, une géographie se dessine. Une écorchure ici et là, une rencontre inopinée avec un quai, des éclats de peinture qui se décollent à la faveur des étreintes des crustacés voraces. Les coques les abandonnent à la mer, laissant entrevoir le passé. Le rouge des temps premiers, le vert de la quatrième période que souligne une élégante éraflure rose, vertige incongru offrande d’un capitaine original. La morsure de la mer leur a légué les empreintes subtiles de la rouille. Des continents, des isthmes, des chuchotements, des secrets, des cris rageurs ou des coups de gueule. Des histoires d’amour ou de fureur. Et dans un fulgurant hasard, ou une alchimie parfaite, en radoubant, le geste du caréneur parachève l’œuvre vive, d’un trait de craie comme un élan, d’un grattage délicat, ou d’un coup de meule géométrique. Des œuvres au bleu, au rouge, au vent qui racontent l’éternité. Sur la route des Alizés, dans un port de Méditerranée, longuement ou le temps d’une marée, des bateaux immobiles m’ont dévoilé leurs flancs et cela a été pour moi une jubilation intense de recueillir ces éclats de vie.

 

L’artiste

Karine Lunardi est née au Maroc et vit à Saint-Christol, France
Fait son métier de l’image et fabrique des films, en France et en Afrique, à deux en parallèle, travaille la photographie, la terre et cultive le chant explore la gravure traverse le Pacifique à la voile, à quatre, chante, grave, partage.

Contact :
538, chemin des Ranquets 34400 Saint-Christol,
karine.lunardi@orange.fr
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