Nicolas REBOUL – Photographie

Auprès de mon arbre, je vivais…

La photographie, comme la mémoire, est un poids étrange.

Les arbres ne sont pas seulement des végétaux nous permettant, à nous humains, de vivre; ils sont des archives vivantes.

Enracinés, ils ont vu passer les siècles, les saisons, les générations. Ma série se veut être une contemplation de cette mémoire silencieuse. Loin d’une simple botanique, j’ai cherché à donner à voir le temps, les épreuves inscrites dans leur écorce, la résilience de leur silhouette. Ces images sont une invitation à écouter, à travers le silence de la forêt, à porter attention aux récits que seuls les arbres peuvent raconter.

Une question est posée, s’il en est, un questionnement du spectateur sur son propre rapport au monde et à sa place dans le monde du vivant.

Cette série explore ce sentiment de solitude et de singularité. Ces arbres sont les miroirs de nos propres âmes fragiles, tourmentées par le temps, mais debout. Ces images sont une invitation à un voyage intérieur, loin des fureurs du monde, pour mieux se retrouver, une quête de silence dans ce monde qui hurle.

À travers ce regard, l’arbre est miroir, présence, interrogation. Il est le fruit d’une rencontre intime avec la matière et le temps. J’ai cherché les traces, les cicatrices, les lignes de vie qu’ils portent en eux, lesquelles sont autant de chapitres d’une histoire silencieuse.

Mon regard s’est posé sur ces formes sculptées par les éléments. Au-delà de l’approche documentaire qui me pousse à témoigner de leur existence, c’est aussi la dimension plastique de ces sujets qui m’a touché, la géométrie d’une branche brisée, la texture d’une écorce, la danse des branches exposées aux vents. Chaque image est une tentative de révéler la beauté inattendue, presque abstraite, de ces fragments de nature.

Il existe une poésie singulière dans la résilience du vivant, une capacité à s’inscrire dans un cycle perpétuel de transformation. Ces photographies sont, pour moi, une méditation sur la persistance, sur ce qui demeure lorsque tout semble disparaître. Elles sont une invitation à ralentir, à observer, et à ressentir l’écho de notre propre existence.

Nicolas Reboul.

Quelques chiffres pour une prise de conscience :

Un arbre est coupé toutes les deux secondes dans le monde, notamment pour la « fast-déco » (le pendant de la fast-fashion, mais pour la décoration de la maison).

Selon les chiffres de l’Inventaire Forestier National (IGN), la mortalité des arbres a doublé en France sur la décennie 2014-2022 par rapport à la période précédente (2005-2013), principalement à cause des effets du changement climatique (sécheresses, attaques d’insectes).

L’Amazonie a perdu, entre 1985 et 2023, une surface forestière équivalente à plus de 88 millions d’hectares, soit la taille de la Colombie (ou plus de la superficie de l’Espagne).

À cela, il faut ajouter les fausses bonnes idées de nos politiques concernant la reforestation (1 million d’arbres en France ou même 1 milliard aux États-Unis).

Réveillons-nous, Indignons-nous, Conscientisons-nous, si ce n’est déjà fait !